La Vosges Express 2025 - Voyage au bout de la nuit
- 21 oct.
- 5 min de lecture
Que dire sur cette édition 2025 de la Vosges Express ? Si je devais résumer en 1 mot : maîtrise.
Je suis venu à cette édition avec l'idée de faire une belle réalisation, c'est à dire aller d'un point A à un point B, avec fluidité, sans être aspiré par la spirale infernale et ni devoir passer la porte. La spirale infernale et la porte ? Dans mon travail de coach et préparateur mental, j'utilise ces termes pour désigner l'enchainement des décisions, souvent mauvaises, qui aboutissent à une situation de plus en plus pénible. Par exemple, une préparation insuffisante et une allure trop rapide au démarrage vont avoir des conséquences sur l'alimentation et l'hydratation, les braquets employés, le chargement etc... Chaque décision va avoir une conséquence sur la suivante et réaliser un effet cumulé, d'où le terme spirale infernale car il est très difficile de sortir de la spirale. La porte, c'est ce moment où l'on se demande "mais qu'est ce que je fous là ? Pourquoi je fais des trucs pareils, je serai tellement mieux à la maison".
La porte, c'est le passage symbolique entre l'envie et le désir profond. C'est choisir entre renoncer et se battre pour ce qui nous semble important. Parfois, il faut fracasser la porte, parfois il suffit de pousser un peu. Mais le meilleur reste quand il n'y a pas de porte du tout, comme sur cette Vosges Express.
Ces moments de doutes, de douleurs, de renoncements, d'abandon; je les connais par coeur. J'ai abandonné un paquet d'épreuves et terminé autant de fois mais je ne connais rien de plus amer que le goût de l'abandon. En revanche, j'aime bien le goût au moment de passer la porte, après être resté bloqué devant quelques minutes. Ce bref instant où l'on se dit "m..., je m'en fiche" et finalement revenir sur cette décision. Mais je prefere l'absence de gôut et de porte, ça semble tellement facile. Passer la porte, c'est faire la balance entre ce que l'on gagne et ce que l'on perd. Un abandon amène souvent un réconfort immédiat, un soulagement des douleurs, un retour à la zone de confort. Malheureusement, il est suivi par la sensation désagréable d'avoir perdu quelque chose, de ne pas avoir ce que l'on vient chercher. Et cette sensation est souvent longue à disparaitre, un peu comme une rupture amoureuse.
La fatigue passe vite, la douleur aux fesses disparait aussi vite, mais la douleur de l'âme reste.
Notre capacité et la manière de passer la porte indique l'intensité du désir. C'est un révélateur de la motivation profonde.
Attention cependant, il existe des abandons légitimes, raisonnables. Une blessure, une urgence familiale ne comptent pas. Même si je n'aime pas l'expression "c'est juste du vélo", il arrive des moments où effectivement, c'est juste du vélo.
Autre chose : la fluidité.
Avancer de façon fluide, c'est minimiser les temps d'arrêts, les moments d'hésitation, les distractions. C'est à dire rester concentré sur la tache à accomplir, immédiatement, celle d'après et la tache globale. Avancer, même lentement, mais avancer tout de même. Le résultat est redoutable, souvenez-vous de la fable du lièvre et de la tortue...
Pour me concentrer sur la tache immédiate, j'avais une aide considérable ; le capteur de puissance.
Quel outils redoutable pour gérer son effort, malgré le poids du vélo, et occuper son esprit sur une action concrète et immédiate. Sans parler du double travail sur la sensation pour anticiper l'extinction des piles des pédales, pour ne pas rester esclave d'un appareil électronique. J'avais également un capteur de température corporelle pour observer les réactions de mon corps. Vu les variations de températures entre les longues ascensions et les descentes, je n'ai pas été déçu.
L'expérience aidant, j'avais bien anticipé les variations de température et préparé mes vétements en conséquence. J'ai passé les 2 à 3 semaines avant l'épreuves à observer la météo sur le parcours, les précipitations, les variations de température pour bien comprendre le terrain sur lequel j'allais m'engager, et emmener les bons équipements, incluant les pneus.
Seul truc que je n'avais pas emmené ; de quoi dormir dehors. Pour la simple raison que je ne voulais pas m'alourdir et me ralentir avec des equipements, comptant réaliser des micros-siestes. J'ai mis du temps à maitriser l'art de la micro-sieste, mais maintenant, c'est acquis. Je sais repèrer le moment où je peux m'arrêter et dormir instantanement, profondément et d'un sommeil réparateur. Cela se joue à quelques instant et il est hors de question de perdre du temps à déballer un matelas, un sac de couchage etc... Même au bord du chemin, dans l'humidité de l'automne Vosgiens, j'ai dormi profondément. Cela demande aussi un certain niveau de confiance pour faire cela en toute décontraction. Je pourrai aussi parler de la gestion de l'alimentation et de l'hydratation, ainsi que de la métaphore entre les économies et l'argent de poche. J'avais prévu de quoi être autonome pour 200km, pour m'arrêter le moins possible, tout en allant moins vite à cause du poids supplementaire, revenant à une formule qui me reussisait bien par le passé; un mélange de produits énergétiques et de produits naturels (fruits). La nuit a été plus difficile avec le manque de nourriture et j'ai négligé l"hydratation, sachant que je peux avancer malgré. Là encore, c'est un marqueur de confiance que d'avancer malgré des conditions imparfaites. J'avais faim et soif mais je preferais avancer que m'arrêter. Et les jambes dans tout ça ? Elles étaient bonnes, pas mieux, pas pire. Je n'ai pas un énorme moteur, donc je suis condamné à faire avec un moteur de 4L. Mais bien utilisé, on peut emmener une 4L dans le désert.
Le plus difficile à ce niveau a été de passer la période de semi-depression de septembre qui a suivi mes 4 voyages de l'été. Hors entrainements à la maison, j'ai fait 4700km cet été.
En septembre, je me suis retrouvé épuisé et déprimé , il a donc fallu trouver une solution pour passer ce cap. Là encore, les recherches personnelles pour un futur livre m'ont aidé et j'ai trouvé des solutions du côté des neuro-transmetteurs en comprenant leur fonctionnement. J'ai ainsi mis sur pied un programme me permettant de garder un niveau correct, sans m'arrêter, tout en récupérant et en retrouvant le plaisir et la joie de faire du vélo.
Finir la Vosges Express de cette façon, après cette période est donc une vraie satisfaction.
L'autre satisfaction a été de prendre le départ avec quelques uns des athlètes de mon groupe de coaching. Marie, Dan, Valentin, Hervé étaient présents au départ, venus eux aussi chercher quelque chose, expérimenter, chercher, tester. En rigolant, nous disions que c'était la dernière de 2025 mais surtout la 1ère de 2026. Cette Vosges Express permettait de consolider les acquis, d'ajouter une couche d'expérience, de créer de la confiance et d'entretenir la motivation; le terrain de l'épanouissement. Nous avons préparé cette Vosges Express ensemble, sur notre groupe Whatsapp, même celles et ceux qui ne participaient pas. J'adore cette idée de créer une émulation autout d'une idée commune. Les réflexions pour la VE serviront pour les autres épreuves.
A tel point que Eric et Christophe ont réalisé une "Express" de leur côté, dans le Loiret et en Occitanie, le même week-end que nous.
Là aussi, j'aime cette idée de developper des aventures personnelles, hors organisations, qui enrichissent la jardin intérieur, développent l'expérience et la confiance.
Désormais, la saison est terminée, nous allons nous reposer avant de nous projeter dans 2026.
La trace réalisée
Galerie photo
Photos pendant l'évènement : Jennifer Nguyen (https://www.instagram.com/jennifernguyen.p/)
La vidéo
Toi aussi, tu as vécu des abandons ou épreuves où tu as souffert ?
Tu cherches à comprendre ce qui s'est passé, trouver des réponses et des solutions ?Je propose des séances d'analyse des pratiques pour decrypter la série d'évènements qui mènent à un abandon ou une situation critique. Cette analyse peut se dérouler sur plusieurs séances, afin de proposer des solutions à intégrer à la préparation.


















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